En 2022 l’auteur croit changer d’horizon et retourner au pays de ses aïeux, l’Auvergne. Au lieu de quoi il change de père, grâce à la science, et donc de pays de ses aïeux. Il se croyait auvergnat, le voici béarnais (ah, c’était donc ça, Toulet ?). Exit Ambert, voici Bétharram — dans ces conditions, et Sud-Ouest pour Sud-Ouest, autant rester en Gascogne, puisqu’on y voit les Pyrénées de la fenêtre.
Les Français, pendant ce temps, renouvellent leur adhésion à l’idée d’être grand-remplacés. Et justement, cancer.
L'année est sombre, mouvementée, belle aussi. Il y a l'expédition dans le Hartz, au coeur de l'hiver, Harzreise im Winter, où la Skoda manque de s'enfoncer dans le paysage (d'étroits sapins couverts de neige). Il y a la découverte fracassante d'un nouveau père, d'un nouveau frère, d'une origine nouvelle. Il y a les longues journées de travail, la campagne de Zemmour, la lutte de l'écriture contre le temps, les combats réticulaires, le chien Le Coz, les Sleeping Giants, la destruction définitive du compte Flickr. Il y a les convocations à la gendarmerie, l'annonce de la maladie, le rêve étrange des quintuplés dans des jardins obscurs. Il y a une idée de roman qui saisit l'auteur au milieu d'une insomnie (c'est La Libération du territoire). Il y a l'annonce des huit milliards de membres que compterait l'humanité. Mais iĺ y a surtout la quête d'une nouvelle demeure en Auvergne — aventure centrale de ce volume du Journal.
« Un livre d'une profondeur, d'une hauteur de vue et d'une intelligence inouïes. »
— Olivier Maulin, Valeurs Actuelles
« La lecture de La Dépossession s’impose. Renaud Camus, c’est notre salle de réveil, comme on dirait dans les services d’anesthésie et de réanimation. Debout les morts, vous êtes encore vivants ! »
— François Bousquet, Éléments
Dans cet essai majeur, Renaud Camus suit la trace du geste central de nos sociétés post-post-industrielles, le remplacement — remplacement de toute chose par son double plus simple, plus efficace, moins coûteux, normalisé, standardisé. On y croise Frederick Taylor, Henry Ford, Alexis Gastev, Thomas Watson, Adolf Hitler ; il y est question d'infaillibilité pontificale, du Soldat Inconnu, de la Science comme religion, et de tous les points d'ombre du discours contemporain.
« La science règne comme aucune religion n’a jamais régné. Elle remplace la pensée, le regard, le présent, l’histoire, l’expérience sensible, le réel tel que l’ont éprouvé, aimé et subi les peuples durant des millénaires. Elle se substitue à tout, elle a réponse à tout, elle se charge de tout. Ce qui arrive n’arrive pas aussi longtemps que la science ne l’a pas consacré, homologué, admis, déclaré, nommé, autorisé. C’est pour l’homme la dépossession suprême. Il est dépouillé de ses yeux, de ses mots, de son aptitude à tirer la moindre conclusion de ce qu’il observe ou subit. Toute pertinence lui est ravie. Pour lui la science supplée même au chagrin, au deuil, à la présence, à la mémoire. »
Qui est Renaud Camus ?
Renaud Camus, écrivain, né en 1946, formé littérairement auprès de Roland Barthes et de Louis Aragon, est l'auteur de plus de cent soixante ouvrages, publiés pour la plupart chez P.O.L, Fayard et maintenant aux éditions “Chez l’auteur” : volumes annuels de journal intime, romans, essais, élégies, églogues, dictionnaires, écrits sur l'art, écrits politiques, guides littéraires de voyage...
Organisateur de colloques et d'expositions d'art contemporain au château de Plieux (expositions Jean-Paul Marcheschi, Eugène Leroy, Joan Miró, Jannis Kounellis, etc.), Renaud Camus est aussi l'auteur de tableaux abstraits (YHWH, Alephs, enjambements) et figuratifs, ainsi que d'albums photographiques ("Le Jour ni l'Heure").
L'œuvre est traversée par la question du sens. Elle comporte des textes d'avant-garde : les Églogues, conçues comme une réponse aux apories du Nouveau Roman, et les Vaisseaux Brûlés, un immense hypertexte en perpétuel accroissement. Les textes politiques s'ordonnancent autour des maître-ouvrages Du Sens (P.O.L., 2002) et La Dépossession (Ed. du Château, 2022), du Petit Remplacement (Chez l'auteur, 2017) et du Grand Remplacement (5e édition, Chez l'auteur, 2019). Pour lutter contre l'industrialisation de l'homme et des paysages, contre un pan-économisme qui traite les hommes en Matière Humaine Indifférenciée, contre le changement de peuple et la violence qu'il implique, l'auteur a fondé le parti de l'In-nocence (2002) et, avec Karim Ouchikh, le Conseil National de la Résistance Européenne (2017).
L'Aleph
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